mercredi 31 octobre 2012

Rencontre avec Stéphanie Coudert, artiste libre.



   C'était en juin dernier, à l'occasion d'un vernissage (exposition-vente de dessins originaux et installations) chez les "Anges de la Mode" dans le quartier du Marais que j'ai rencontré la créatrice de la Maison Coudert, Stéphanie Coudert.
Le charme a rapidement opéré sur moi aussi, tant les illustrations et les installations exposés au sein de l'espace ont raisonné en moi. J'étais face à une maison de couture novatrice et ambitieuse dont j'ignorais tout jusqu'alors.

   Chez Maison Coudert j'ai aimé avant tout la pensée du vêtement, revu d'une manière philosophique et dans une exploration des codes du vestiaire féminin. De plus, la marque est soutenue par la Fédération Française de la Couture, car elle s'efforce au fil de ses collections, de garder une certaine éthique et ainsi promouvoir l'artisanat français.
Pour moi ce fût une évidence de vous faire partager cette rencontre avec une créatrice a multiples casquettes.

   Stéphanie Coudert est une créatrice de mode, une sculptrice du vêtement et avant tout, une artiste libre. 


 (Un grand merci à Stéphanie, de m'avoir reçue au sein de son atelier et pour le temps qu'elle m'a gentiment accordé pour mener à bien ce reportage (article et interview).)

Stéphanie Coudert / Photographe: William Beaucardet


             Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la Maison Coudert, son éthique, et l’histoire de la marque ?
Stéphanie Coudert  / J'ai eu besoin de dissocier les vêtements de mon nom patronymique, car ils ne sont qu'une partie de mon expression. J'ai réalisé ceci après avoir ressenti un manque sur le plan artistique durant quelques années de livraisons et gestion de production. J'ai dorénavant besoin de donner au vêtement davantage de légitimité grâce à un plus grand soin de sa conception comme objet et non plus seulement comme vecteur d'expression. 
Sous le nom Stéphanie Coudert, le vêtement reflétait à mon sens une pression disproportionnée qui m'amenait à me disperser dans sa création et dans les formes de sa présentation. 
La Maison Coudert désigne désormais une énergie mise à la fois dans ma vision de la femme, de son mode de vie, et dans la valorisation d'un atelier parisien qui me permet de concevoir et de former mes partenaires pour la réalisation des pièces. La Maison Coudert, c'est la désignation d'un travail sous forme de pièces uniques en série : de petits thèmes qui arrivent en boutique ou sur le site en cours de saison. Une « collection permanente » de classiques déclinables à l'infini dans des matières renouvelées.
Cette marque, Maison Coudert, parle de respect du vêtement, du soin apporté à sa réalisation dans un studio intégré, et de l’Adn qui en est à l'origine depuis ma première collection en 1999.
 
             S’il fallait désigner trois mots pour illustrer votre travail et la Maison Coudert ? Quels seraient-ils ?
Stéphanie Coudert : Sensualité, Silence, Suspension, ou l'aveu tranquille de sa sensibilité en société : le « Tailleur flou », ou l'harmonie des contradictions.

             Comment avez-vous été saisis par la vocation ? Rêve de gosse ou la Mode est-elle arrivée comme une évidence à un moment précis de votre parcours ?
Stéphanie Coudert : Le vêtement m'est apparu comme un médium nécessaire lorsque j'ai dû choisir un métier à l'ESAA Duperré.
J'avais 18ans. Le vêtement me permettait une réflexion sur le corps et sa mise en scène par la danse, le théâtre, le cinéma. J'ai compris plus tard que la possibilité de muer grâce à lui m'était fondamentale.

             Lauréate du festival d’Hyères en 1999 grâce à votre collection « Silent Clothes », je vous cite « une nouvelle vision du volume vestimentaire, entre un concept de construction en un seul tenant, la conscience de l’économie du tissu, et l’affirmation d’une sensualité par l’enroulement et la suspension ». Vous semblez travailler dans une démarche très conceptuelle en amont. Vous vous définissez comment ? Artiste libre ou créatrice de Mode ?
Stéphanie Coudert : Je crois que j'accepte enfin ce terme d'artiste, car mon mode de vie en est le reflet chaque jour.
J'habille par ailleurs des femmes qui ont des besoins et se reconnaissent dans mes vêtements. En cela je pense également contribuer à des propositions qu'elles ne trouvent pas ailleurs, et en cela être créatrice.

             En 2004, intégration au calendrier officiel de la fédération de la couture Française. Votre travail a été reconnu rapidement par le monde la mode et la critique. En mettant en avant votre savoir-faire héritiers des métiers français de la mode, à un vocabulaire propre à vous, avec des coupes très personnelles. Cette nomination a-t-elle eu l’influence escomptée ?
Stéphanie Coudert : Bien sûr cela m'apporte un respect immédiat. A l'époque la presse a été énorme, mais donner une dimension commerciale proportionnelle à cette notoriété soudaine me prendra vingt ans. Je n'avais malheureusement pas mon Pierre Bergé à mes côtés à cette époque, pour vendre et développer la spécificité de mon travail.

             Vous faîtes un métier qui nécessite un renouveau constant. Quelles sont vos sources d’inspirations ?
Stéphanie Coudert : Je me remets constamment en question. Je suis une éponge, sensible au design, au cinéma,  à l'évolution de la société, comment je m'y situe. Par exemple la place de la femme noire dans la société américaine, et française aujourd'hui, est une source constante d'inspiration combative et créative. Elle a fait l'objet de ma première collection sous le nom « Maison Coudert ». J'ai des muses, et des clientes dont les besoins m'inspirent de manière croisée de nouveaux volumes selon leurs besoins.
En réalité l'univers de chaque cliente m'inspire pour lui offrir sa garde-robe idéale! Ceci me garantit une source constante de nouvelles idées.

Collection "Manière Noire" / Maison Coudert  Automne-Hiver 2011-2012
Photographe: Frédéric Atlan

             J’ai eu la chance de vous rencontrer lors d’un vernissage exposant vos croquis de la collection "Manière Noire" , et j’ai littéralement été bluffé par votre démarche d’illustration effectué en amont de vos collections. Le travail du dessin serait-il un réel pilier dans votre parcours de création ?
Stéphanie Coudert : Il est apparu lors de la réunion de ces croquis, que le dessin apporte le style à la recherche sur le volume. Mais ceci est très nouveau. En effet, oserai-je un rapprochement avec Madeleine Vionnet, jusqu'à présent le volume me paraissait suffisant, le style inclus dans les limites de celui-ci.
Or la femme que j'habille, à commencer par moi, a eu un temps cette envie qu'on ne puisse juger la silhouette (puisqu'il s'agit de cela dans nos rues occidentales) que d'un point de vue purement plastique, esthétique, et non pas selon des codes mode.
En cela j'ai été classée parmi les sculpteurs. Pas les stylistes.
Aujourd'hui je réalise que cette vision du volume a trouvé une clientèle par le biais de ma boutique, et que je peux enfin lier ces envies de volume pur à un marché. Le dessin de silhouettes devient maintenant nécessaire, après n'avoir existé qu'en tant qu'illustration.

             Comment définiriez-vous la femme « Maison Coudert » ?
Stéphanie Coudert : Avant tout libre. Affranchie de tout code social qui maintient la femme dans un asservissement culturel à l'homme. Une femme d'une sensualité à la fois discrète et exaltée grâce au tailleur flou. Une femme à la fois solaire et intègre, maîtresse de sa vie. Je pense à mes deux grand-mères, dont les prénoms m'ont été donnés.
L'une a monté son salon de coiffure parisien à 22 ans, dans les années 30, et possédait un goût sans faille. L'autre a élevé seule 6 enfants et était totalement autonome dans une maison et un jardin qu'elle entretenait seule.
Je pense avoir hérité de leur exigence dans la liberté. Ceci se traduit naturellement dans la construction de mes vêtements : fluides, mais soutenus, suspendus, maîtrisés par des accents de cuir compressé, des détails hérités des fibules organisant les drapés de la Grèce antique. Ces pièces, comme celles de madame Grès, me rassurent par leur solennité dans la simplicité.

             S’il y avait une silhouette type de l’histoire de la maison, laquelle serait-elle ?
Stéphanie Coudert : Construite dans le biais, l'emploi du cuir venant structurer le flou d'un crêpe de soie. Une silhouette légère comme Anna Karina dans « Made in USA ». Une robe ou un pull construits d'un seul tenant avec une coulisse agneau plongé sur l'épaule, avec une jupe floue au genou ou un pantalon taille corset dont les jambes tournent légèrement autour de la cheville.

             Une devise ? Une philosophie de vie ?
 Stéphanie Coudert : Sois rigoureuse dans le choix de ta liberté.


Stéphanie Coudert au sein de son atelier / Photographe: William Beaucardet


Atelier et boutique Maison Coudert
25-27 rue des Envierges
75020 Paris
Contact: 06 60 18 31 00 / Sur RDV uniquement

www.maisoncoudert.com
www.stephaniecoudert.fr


lundi 29 octobre 2012

Eté d'amour au "Wanderloose"


L'intitulé de la programmation sur les évents facebook me plaisait assez, et pourtant.
"Eté d'amour", ça sonnait plutôt bien dans mes oreilles. Ça donnait presque envie d'aller à leur soirées, taper des pieds leur dance-floor (ou le ponton) et se laisser consumer le corps par un bel inconnu... (Dans tes rêves ma fille, ça s'était avant Doudou!)

J'ai mis un été ou presque à me faire ma propre opinion, et j'ai bien fait! Au moins je peux me satisfaire de ne pas y avoir trop perdu de temps, ni trop perdu d'argent.
Je n'aurai pas la prétention de vouloir égaler le pamphlet d'un anonyme posté dans le courrier des lecteurs des Inrocks le 24 Août dernier, mais plutôt démontrer une fois encore que la "hyp'attitude" parisienne peut parfois vite nous donner la nausée.

Merci à toi Monsieur l'inconnu. Cette lettre était tout simplement magique, merveilleuse, j'ose même croire qu'elle a sûrement égayé autant ma journée que le sourire de mon amoureux.


En réalité, le "Wanderlust" et sa populasse, c'est en somme la meilleure façon de perdre 24 euros en un temps record, en plus ou moins deux minutes et 33 secondes pour ma pomme, soit 24 euros de moins pour mon billet "easyjet" direction Berlin de cet automne.

"Wanderlust" ambassadeur des soirées Berlinoises à Paris? Que nenni!

Au bilan: j'ai été victime d'une grande déception. Berlin ne sera pas au programme cet automne (il faut que je digère l'after Wanderlust!)et pour tout vous dire, j'ai préféré de loin la Pologne!
Le décollage est d'ailleurs pour bientôt, et les 24 euros je préfère les dépenser chez Jean-Pierre et Ginette au PMU du coin de ma rue!
Ils sont beaucoup plus sympas.

Maintenant, il n'y a plus qu'à espérer ou prier pour eux (le Wanderlust) que la populasse branchouille du gratin parisien fasse l'effort de traverser le tout Paris, pour comme moi rester perplexe, elle aussi, face à une architecture pseudo extra-terrestre rivalisant de prés ou de loin avec la maison de Shrek ou le vaisseau des Flubbers.
Pour couronner le tout, les physio sont méprisant, les factures hallucinantes et le banc de planctons moyennement modeux ou trop, j'hésite encore. En bref, l'ode de la page 24 du GQ ou 49 du Glamour! Qui dit mieux en terme de copier-coller ?

N'oublions pas qu'il va falloir aussi accepter de se les peler en hiver sur une terrasse, très jolie certes, mais en plein courant d'air.
Je ne suis définitivement pas convaincue que les demoiselles perchées sur Louboutins acceptent le mixe doudoune et stilletos ! Le pari semble risqué…
Advienne que pourra.
Je souhaite longue vie au "Wanderloose"... Ooop's "Wanderlust"!

PS: Je lance un appel à témoin. Je suis à la recherche d'une personne saine d'esprit, de corps et bien sans ses pompes qui pourra m’expliquer en quoi le Wanderlust est “branché” ?
Parce que ma maman m'a toujours dit de ne pas faire de conclusion trop hâtives.

PS2: (CADEAU) http://blogs.lesinrocks.com/cestvousquiledites/2012/08/24/cher-wanderlust-desole-davoir-envisage-un-acces-dans-ton-temple-de-la-branchitude/

Paul m'a donné la foi.

Je suis athée. Aujourd'hui vers 1:13, j'ai trouvé ma nouvelle religion à moi.
Ophélie chantait "Dieu m'a donné la foi...", moi, je ne chante pas, mais mon Dieu à moi, celui qui m'a redonné la foi en MOI, il s'appelle Paul Arden.

"VOUS POUVEZ ÊTRE CE QUE VOUS VOULEZ ÊTRE"
Le livre le plus vendu au monde, de Paul Arden.

Livre d'idées, livre de phrases, guide concis et ludique pour tirer le meilleur de soi-même, il est la nouvelle "bible" de poche à lire et relire pour les soucieux d'un meilleur soi, parfait pour les timides créatifs talentueux, les effacés souvent oubliés.



En 127 pages, Paul Arden transpose des pensées positives se confrontant à nos réalités professionnelles et personnelles propre à chacun au sein d'une jungle contemporaine sans nom.
A chaque pages tournés, il est donc question de confiance en soi, d’estime personnelle, de directions à prendre, d’objectifs à atteindre et d'autant de moyens d’y parvenir.
En bref, une nouvelle formule magique divulguant les secrets pour mener à bien vos projets: vous-même.

« La plupart des gens riches et puissants ne sont pas particulièrement doués, sympathiques, cultivés ou beaux. Ils deviennent riches et puissants parce qu’ils veulent être riches et puissants. »

« Si vous séchez, changez de stylo. »

« Échouer, échouer encore. Échouer mieux. » Samuel Beckett

« Quand c'est infaisable, faites-le.Si vous ne le faites pas, ça n'existe pas. »

« Le talent, ça aide, mais ça ne vous mènera pas aussi loin que l’ambition. »

Plutôt deux fois qu'une, on le garde de toute urgence à porter de main, on en prends soin, on le cajole, on le bichonne, on s'y replonge aussi souvent qu'il le faut, tant il contient... La vérité.
Je l'ai dévoré.

samedi 27 octobre 2012

Balenciaga vs "White Drama"

 

J'ai sauté la Seine, Check!
Quai d’Austerlitz… L'autre bout du monde.
Un bâtiment de béton armé, surgi de nulle part.

L'IFM ou plutôt, L’Institut Français de la Mode et du Design prend ses quartiers et s'inscrit au sein d'une structure industrielle du port de Paris. Elle-même récemment corrigée par l’armature futuriste, métallique, verte, imaginée par les lauréats d'un concours de projet architectural lancé en 2005, Jacob & MacFarlane.
L’atmosphère est surréaliste, les designers ont bel et bien tenu leur pari !

C'est dans ses murs que la rétrospective du Musée Galliera s'expose.
A défaut d’être en plein travaux de rénovation jusqu’en 2013, le musée nous invite à découvrir l’exposition « hors les murs », et nous fait partager ici le musée imaginaire de Cristobal Balenciaga et la mise en scène « White Drama » (rétrospective du dernier défilé printemps-été 2012 de la maison « Comme des garçons »).




L’exposition « Hors les murs » est séparée en deux pôles indépendants de l’un de l’autre.
Une partie est totalement ouverte sur l’environnement extérieur, c'est majestueusement que « White Drama » y est exposée.
A ces côtés, une autre, plus intimiste retrace le travail du créateur Cristobal Balenciaga. 


C'est à l'occasion du quarantième anniversaire de la mort du défunt couturier que l’exposition sur Cristobal Balenciaga a vu le jour. La scénographie est étudiée la plus sobrement possible, afin de ne pas empiéter sur la beauté des œuvres exposées au sein de l'espace.
Au total, soixante-dix pièces de costumes et d’accessoires, échantillons de broderies et dessins du designer, côtoient une quarantaine de robes de haute-couture retraçant à travers les années le cheminement créatif de l’artiste de 1937 à 1968. Encore une fois, le créateur nous bluffe par son sens du détail, son travail d’architecte du tissu, et l’intemporalité de ses collections.

Après observation, le verdict tombe.
Chaque robes peut encore avoir sa place sur tapis rouge, croisette cannoise et cérémonie des Césars. Balenciaga serait-il un génie?
Son oeuvre en tout cas reste intemporelle, malgré les années qui filent. Et c'est, sans fausses notes que son héritier Nicolas Ghesquiére poursuit encore et toujours avec brio les codes de la maison..







A ces côtés, "White Drama", dans un style tout autre, nous invite à parcourir une succession de sept cloches transparentes géantes habitées chacune par plusieurs mannequins en bois, vêtus d'un monochrome de divers blancs texturés.
Ici, à travers une pièce parcourue de gauche à droite par une lumière de fin d'été, trône la présentation figé du dernier défilé du designer japonnais.
 Rei Kawakubo, revisite les différentes étapes de la vie, naissance, mariage, mort, grâce à un cortèges de silhouettes sous cloches transparentes .



Conceptuellement, l'artiste Rei Kawakubo représente et interprète grâce à ces différentes bulles les diverses étapes de la vie de chacun. Elles utilise plusieurs techniques, des chaines et trames, des broderie, du crochet, des soie, du damassé immaculé, et de nombreuses incrustations de roses (début et fin) qui finiront par habillés presque entièrement les corps inertes en bois et représenter ainsi la mort, le deuil et l'accompagnement floral vers les plafonds de l'eau delà.


L’artiste/créatrice de ruptures depuis toujours, nous scotche littéralement comme à chaque fashion-week par un spectacle où elle détourne une fois de plus les codes de la haute-couture pour nous amener vers un tout autre univers.
Chapeau l’artiste !

Les deux expositions sont toutes les deux encore visibles jusqu'à demain!
On y court, même si:
- la rive gauche c'est loin, pas besoin de regarder la carte de Paris pour le savoir...
- il fait moche, normal c'est l'automne!
- il va faire froid, dixit Evelyne sur TF1!

ZOU! On bouge ses fesses, ça fait du bien à la culture et parait-il que le froid, ça vivifie!

INFORMATIONS PRATIQUES :

Les Docks - cité de la Mode et du Design
34 quai d’Austerlitz
75013 Paris
www.paris-docks-en-seine.fr

Accès :
- Métro : Gare d’Austerlitz, Quai de la Gare, Gare de Lyon
- Bus : 24, 57, 61, 63, 89, 91

PROLONGATION DES EXPOSITIONS JUSQU’AU 28 OCTOBRE
du mardi au dimanche de 10h à 18h.